Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/50

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révolution française, les maux que la France eut à souffrir.

N’était-ce pas une situation désolante que celle de ces chrétiens vertueux, timorés, tels que le respectable Coffin, successeur de Rollin à l’université de Paris, qui, au lit de la mort, étaient contraints par des prêtres fanatiques, de rétracter des maximes ou opinions qui avaient fait, toute leur vie, la base de leur conduite ; et, s’ils n’en faisaient point une abjuration solennelle, ils étaient certains d’être présentés comme des criminels, comme des hérétiques, et d’être outragés après leur mort ! Sans doute, les atrocités révolutionnaires ont été plus violentes ; mais les fureurs du fanatisme étaient sourdes, multipliées, prolongées ; elles prenaient leurs victimes au berceau, dans toutes les conditions ; elles les suivaient dans tous les âges ; elles établissaient le règne de la terreur autour des âmes faibles, et jusque dans leur sein ; et si certains hommes avaient assez de force dans l’esprit pour rejeter ces monstrueuses folies, assez d’audace dans le caractère pour braver ceux qui les dirigeaient, ils expiaient le plus souvent leur supériorité par le blâme et la haine populaires, dont on savait les faire poursuivre… N’en doutons