Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/58

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de Louis XV, et s’introduire à sa cour, lui adresse des louanges d’une exagération ridicule. Il ose faire le parallèle de ce prince avec Louis XIV, et louer également l’un et l’autre par des moyens différens. Dans un grand nombre d’autres occasions, il se laisse entraîner, par son intérêt, à avilir l’esprit et la louange.

Tout éloge d’un homme puissant, qui n’est pas l’ouvrage, sinon de la vérité, du moins d’une véracité parfaite, est singulièrement honteux pour celui qui le donne et abuse rarement celui qui le reçoit. J.-J. Rousseau, emporté par l’humeur, ou si l’on veut, par l’orgueil, aurait pu adresser à un homme puissant des paroles dures, des reproches injustes. Jamais il n’aurait flatté publiquement celui qu’il n’aurait pas honoré au fond de son cœur ; et, à cet égard, les erreurs dans lesquelles il pouvait tomber par enthousiasme, par abandon et facilité de caractère, compensaient celles que, dans d’autres momens, il commettait par humeur ou âpreté.

L’opulence à laquelle Voltaire sut parvenir, et l’indigence dans laquelle J.-J. Rousseau consuma sa vie, formèrent une opposition remarquable dans la destinée de ces deux hommes extraordinaires. Cette opposition résulta de la