Page:Bédos de Celles - L’Art du facteur d’orgues, 1766.djvu/535

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ſont toujours les plus hardis & les plus entreprenants. Il eſt heureux que le grand nombre ſoient des hommes ſages, judicieux & fort jaloux de la conſervation de leur inſtrument.



CHAPITRE QUATRIÈME.

Les principaux mêlanges ordinaires des Jeux de l’Orgue[1]

Lus, examinés, corrigés & approuvés par les plus habiles & les plus célébres Organiſtes de Paris, tels que Meſſieurs Calviere,[2] Fouquet, Couperin, Balbâtre, & autres.

I.

Pour le Plein-Jeu.

1292On y mettra toutes les Montres, tous les 8 pieds ouverts, tous les Bourdons, tous les Preſtants, toutes les Doublettes, toutes les Fournitures, toutes les Cymbales, tant au grand Orgue qu’au Poſitif, & on mettra les Claviers enſemble. Si l’on ſe ſert des Pédales, on y mettra la Trompette & le Clairon. S’il y a pluſieurs Trompettes & pluſieurs Clairons à la Pédale, on les y mettra également. On ne mêle jamais aucune Pédale de Flûte avec celles de Trompette & de Clairon. On peut ſe ſervir quelquefois au Plein-Jeu, des Pédales de Flûte, au lieu des Pédales de Trompette & de Clairon, ſur-tout s’il y a des 16 pieds.

Le grand Plein-Jeu doit ſe traiter gravement & majeſtueuſement : l’on doit y frapper de grands traits d’harmonie, entrelaſſés de ſyncopes, d’accords diſſonants, de ſuſpenſions & ſurpriſes d’harmonie frappantes ; & que tout cela cependant puiſſe former une modulation réguliere. Le Plein-Jeu du Poſitif doit être touché plus légérement : l’on peut y exécuter du brillant, des roulades, &c ; le tout aboutiſſant à une harmonie ſuivie.

II.

Pour le Grand-Jeu.

On mettra au grand Orgue le grand Cornet, le Preſtant, toutes les Trom-

  1. Un Organiſte, nommé M. le Bégue, a donné au Public vers le commencement de ce ſiecle, pluſieurs pieces d’Orgue. Il a ajouté à ſon Ouvrage les mêlanges des Jeux qui pouvoient convenir, à quelque choſe près, à la maniere dont on conſtruiſoit alors les Orgues, & à la qualité de l’harmonie qu’on leur donnoit. Le goût étant changé depuis ce temps-là, à cauſe des différents uſages qu’on fait des Jeux, & la façon de les traiter, il a été néceſſaire de faire des changements dans leurs mêlanges. Ceux que je donne ici ſont généralement pratiqués à préſent par le plus grand nombre & les meilleurs Organiſtes.
  2. Quoique M. Calviere ſoit mort, j’ai cru cependant devoir le citer, attendu qu’ayant écrit ces mêlanges des Jeux avant ſa mort, il avoit eu la complaiſance de les examiner & de les corriger le premier. Je ſuis en état de faire voir ſes corrections écrites de ſa propre main.