ſont toujours les plus hardis & les plus entreprenants. Il eſt heureux que le grand nombre ſoient des hommes ſages, judicieux & fort jaloux de la conſervation de leur inſtrument.
CHAPITRE QUATRIÈME.
Les principaux mêlanges ordinaires des Jeux de l’Orgue[1]
I.
Pour le Plein-Jeu.
On y mettra toutes les Montres, tous les 8 pieds ouverts, tous les Bourdons, tous les Preſtants, toutes les Doublettes, toutes les Fournitures, toutes les Cymbales, tant au grand Orgue qu’au Poſitif, & on mettra les Claviers enſemble. Si l’on ſe ſert des Pédales, on y mettra la Trompette & le Clairon. S’il y a pluſieurs Trompettes & pluſieurs Clairons à la Pédale, on les y mettra également. On ne mêle jamais aucune Pédale de Flûte avec celles de Trompette & de Clairon. On peut ſe ſervir quelquefois au Plein-Jeu, des Pédales de Flûte, au lieu des Pédales de Trompette & de Clairon, ſur-tout s’il y a des 16 pieds.
Le grand Plein-Jeu doit ſe traiter gravement & majeſtueuſement : l’on doit y frapper de grands traits d’harmonie, entrelaſſés de ſyncopes, d’accords diſſonants, de ſuſpenſions & ſurpriſes d’harmonie frappantes ; & que tout cela cependant puiſſe former une modulation réguliere. Le Plein-Jeu du Poſitif doit être touché plus légérement : l’on peut y exécuter du brillant, des roulades, &c ; le tout aboutiſſant à une harmonie ſuivie.
II.
Pour le Grand-Jeu.
On mettra au grand Orgue le grand Cornet, le Preſtant, toutes les Trom-
- ↑ Un Organiſte, nommé M. le Bégue, a donné au Public vers le commencement de ce ſiecle, pluſieurs pieces d’Orgue. Il a ajouté à ſon Ouvrage les mêlanges des Jeux qui pouvoient convenir, à quelque choſe près, à la maniere dont on conſtruiſoit alors les Orgues, & à la qualité de l’harmonie qu’on leur donnoit. Le goût étant changé depuis ce temps-là, à cauſe des différents uſages qu’on fait des Jeux, & la façon de les traiter, il a été néceſſaire de faire des changements dans leurs mêlanges. Ceux que je donne ici ſont généralement pratiqués à préſent par le plus grand nombre & les meilleurs Organiſtes.
- ↑ Quoique M. Calviere ſoit mort, j’ai cru cependant devoir le citer, attendu qu’ayant écrit ces mêlanges des Jeux avant ſa mort, il avoit eu la complaiſance de les examiner & de les corriger le premier. Je ſuis en état de faire voir ſes corrections écrites de ſa propre main.