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LES
QUATRE ÂGES HISTORIQUES


Air : À soixante ans, il ne faut pas remettre (Air noté )


Société, vieux et sombre édifice,
Ta chute, hélas ! menace nos abris :
Tu vas crouler : point de flambeau qui puisse
Guider la foule à travers tes débris !
Où courons-nous ? quel sage, en proie au doute,
N’a sur son front vingt fois passé la main ?
C’est aux soleils d’être sûrs de leur route :
Dieu leur a dit : Voilà votre chemin.

Mais le passé nous dévoile un mystère.
Au bonheur, oui, l’homme a droit d’aspirer :
Par ses labeurs plus il étend la terre,
Plus son cerveau grandit pour l’enserrer.
En nation il vogue, nef immense,
Semer, bâtir aux rivages du temps.
Où l’une échoue une autre recommence.
Dieu nous a dit : Peuples, je vous attends.

Au premier âge, âge de la famille,
L’homme eut pour lois ses grossiers appétits.
Groupes épars, sous des toits de charmille,
Mâle et femelle abritaient leurs petits.