Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/194

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jouement, qu’il ne s’en prenne qu’aux déceptions et aux systèmes dont le sieur de Béranger s’est fait l’interprète ; qu’il s’en prenne à l’aigreur des discussions politiques, à l’agitation de tant d’intérêts sans frein et sans but, à cette fièvre continue, au malaise de ceux qui, rebutant la société, la nature et la vie, ne trouvent plus en elles ni repos, ni bonheur, parce qu’en effet il n’en est pas sans illusions, sans croyances, sans harmonie. L’esprit dogmatique a dissipé les illusions ; l’esprit fort a détruit les croyances ; l’esprit de parti a troublé l’harmonie. Est-ce donc un des fauteurs de ces tristes changements qui doit se plaindre de leurs tristes conséquences ? qu’il ne se plaigne pas non plus si la chanson, par suite de sa décadence et de sa honteuse métamorphose, est venue des indulgentes régions qu’elle habitait jusqu’à ces lieux austères qu’elle n’eût dû jamais connaître ; qu’il n’accuse pas d’intolérance et de trop de rigueur des magistrats affligés d’avoir à sévir contre l’abus du talent. Non ! qu’il ne les accuse pas ; car il lui était plus facile de ne pas publier son ouvrage qu’il ne l’était à ces magistrats responsables envers la société de rester sourds à la voix de leur conscience, en ne réprouvant pas ce que réprouvent la religion, la morale et la loi. »


M. Dupin demande quelques instants pour mettre ses notes en ordre.

Monsieur le président consulte la cour et accorde au défenseur ce qu’il désire.

Au bout de quelques minutes l’audience est reprise, et M. Dupin lit les conclusions suivantes :

« Attendu que plusieurs des chansons comprises dans l’arrêt de renvoi sont couvertes par la prescription de six mois écoulés depuis leur publication, aux