Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/222

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Maxime que les lois romaines ont adoptée, en décidant que le parjure a assez de Dieu pour vengeur : Jurisjurandi contempla religio satis Deum habet ultorem. L. 2, C. de Jurejur.

« En effet, ces sortes d’actions ne servent ordinairement que de masque aux passions haineuses. Les hommes se laissent aller trop aisément à l’idée que leur Dieu ressent toutes les passions dont ils sont animés ; qu’il peut être, comme eux, vindicatif, envieux, colère, et surtout exterminateur.

« Telle était la théologie du paganisme. C’est là que l’on voit des dieux menteurs, ivrognes, incestueux, adultères ; mais dans le christianisme, mais dans la religion d’un Dieu qui, loin de venger ses offenses, est mort pour racheter les nôtres, ah ! messieurs ! quel renversement d’idées que de supposer qu’on peut lui être agréable par des procès intentés en son nom !

« Notre divine religion est pleine de douceur, de miséricorde et de bonté ; ses plus illustres apôtres ont été en même temps les plus humains, les plus charitables, les plus indulgents envers leurs semblables.

« Mais, en rendant un éclatant hommage de respect, de déférence et d’amour aux vénérables pasteurs qui se montrent animés du véritable esprit de la tolérance évangélique, reconnaissons aussi qu’on a vu trop souvent de mauvais prêtres affecter avec audace de s’identifier avec la Divinité. Quiconque les heurtait, ils le représentaient aussitôt comme s’attaquant à Dieu même, et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on les a signalés en disant de l’un d’eux :


Qui n’estime Cotin, ne peut aimer le roi ;
Et n’a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.