Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/231

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dit de tout temps sur les annates, le denier de saint Pierre, et en général sur ce qu’on a appelé les exactions de la cour de Rome. C’est une expression consacrée dans tous les canonistes et souvent célébrée dans les appels comme d’abus.

« Nous ne parlerons pas davantage (vous disait toujours le ministère public) de plusieurs chansons dirigées contre les missionnaires, chansons tellement virulentes, qu’il ne faut pas s’étonner si, après les avoir lues, ceux qui ne se sentent pas l’esprit d’en faire autant veulent au moins lancer des pétards aux orateurs d’une religion que la Charte déclare religion de l’état. »

« On ne s’attendait guère à voir des pétards dans cette affaire, et surtout des pétards alimentés par le salpêtre électrique des chansons, suivant une autre expression de monsieur l’avocat-général.

« Les missionnaires ! inde iræ ! les missionnaires dont on ne parle qu’en passant, mais qui, personne n’en doute, ont été l’une des principales causes du procès suscité au sieur de Béranger.

« Ici revient principalement la question légale. Offenser les missionnaires, est-ce outrager la morale publique et religieuse ?

« Ils sont, dit-on, les orateurs d’une religion que la Charte déclare religion de l’état. Sans doute ; mais la Charte n’a pas dit religion dominante ; nous n’en sommes pas encore là. Si cela était, ce serait autre chose ; car le verbe dominer est un verbe très actif, qui veut un régime[1] ; c’est un maître auquel il faut des esclaves. Sous l’empire d’une religion qui serait dominante, ses ministres ne tarderaient pas à l’être eux-mêmes ; les attaquer serait aussi dange-

  1. À l’accusatif.