Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/242

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que n’en faisaient-ils contre moi ! on ne leur eût rien dit.

« Nos ministres paraissent agir autrement. Chansonnés qu’ils ont été, ils ont l’air de faire le sacrifice de leur propre injure, mais ils veulent venger le roi (de la même manière que les missionnaires et les capucins veulent venger Dieu). En conséquence, procès pour offense à la personne du roi !

« Quel étrange système que celui de ces ministres ! vouloir à chaque instant que le roi ait été insulté ! On ne peut leur adresser un seul reproche qu’aussitôt ils ne vous accusent de manquer à la majesté royale ! La nation elle-même est obligée d’entrer en explication avec eux ! et lorsque ses représentants ont élevé vers le trône une voix noble et courageuse[1], ces généreux organes des sentiments nationaux se voient réduits à l’étrange nécessité d’avoir à repousser de fâcheuses interprétations.

« En Russie, en Angleterre, en Prusse, se plaint-on ainsi qu’à chaque instant le souverain ait été offensé ? Dans les cent-jours, qui ont paru si longs qu’on les a appelés le siècle des cent-jours, avons-nous vu un seul procès de ce genre ? Et pourtant c’était un usurpateur qui, sur la foi de son armée, était venu se jeter au milieu d’un peuple resté fidèle ! Pendant tout ce temps nous n’avons pas vu un seul royaliste mis en jugement pour cris séditieux, ou pour offense à la personne du maître ! Et depuis que le roi, objet de nos respects, est rendu à l’amour de ses peuples, on ne voit, au civil comme au criminel, que des procès où le nom du roi est prononcé !

  1. L’avocat fait allusion ici à l’adresse vigoureuse présentée au roi par la Chambre des députés, en décembre 1821.