Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/26

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Bardes du sacre, êtes-vous enrhumés o ?
Chantez, messieurs, faites pondre la poule ;
Envahissez croix, titres, biens et rangs.
Dût-on encor briser la sainte Ampoule,
Pour les flatteurs comptons deux mille francs.

Que de géants là bas je vois paraître p !
Vieux ou nouveaux, tous nobles à cordons.
Fiers de servir, ils font au gré du maître
Signes de croix, saluts ou rigodons.
À tout gâteau leur main fait large entaille :
Car ils sont grands, même infiniment grands.
Ils nous feront une France à leur taille.
Pour ces laquais comptons trois mille francs.

Je vois briller chapes, mitres et crosses,
Chapeaux pourprés, vases d’argent et d’or ;
Couvents, hôtels, valets, blasons, carrosses.
Ah ! saint Ignace a pillé le trésor.
De mes refrains l’un des siens qui le venge,
Promet mon âme aux gouffres dévorants q.
Déjà le diable a plumé mon bon ange r.
Pour le clergé comptons trois mille francs.

Vérifions, la somme en vaut la peine :
Deux et deux quatre ; et trois, sept ; et trois, dix.
C’est bien leur compte. Ah ! du moins La Fontaine,
Sans rien payer fut exilé jadis s.
Le fier Louis eût biffé la sentence
Qui m’appauvrit pour quelques vers trop francs.
Monsieur Loyal, délivrez-moi quittance t ;
Vive le Roi ! voilà dix mille francs u.