Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins disposé à traiter légèrement une semblable situation.

« Mais a-t-on été fondé à m’adresser un tel reproche ? Étaient-ce donc des plaisanteries, ces considérations générales sur la distinction des diverses compositions littéraires, et l’esprit suivant lequel il fallait juger chacune d’elles ? Était-ce un jeu que la question de prescription ? Traitera-t-on de futilité ces immortelles définitions de la morale publique et religieuse ? et cette interprétation donnée du vrai sens de la loi de 1819, est-ce parce qu’elle était futile, que monsieur l’avocat-général n’y a pas répondu ? est-ce par le même motif qu’il n’a pas même essayé de réfuter l’argument, imprévu sans doute, que j’ai tiré du nouveau projet de loi ? Enfin, manquait-elle de la gravité convenable, cette discussion préliminaire sur le troisième chef d’accusation, pour faire ressortir l’inconvenance des procès aussi fréquents que peu réfléchis, qu’on intente depuis quelque temps au nom du roi ?

« Sans doute, et lorsqu’il m’a fallu descendre de la hauteur des principes aux applications, j’ai pu faire usage de la plaisanterie ; l’accusation elle-même m’y conviait. Le sérieux de ma part eût été une acceptation de tous les reproches adressés à mon client.

« J’avais à commenter des couplets de chanson. L’accusation avait pris à tâche de tout incriminer, de tout rembrunir : j’ai dû au contraire rendre à ces couplets leur véritable caractère ; et pour cela il ne fallait pas que le commentaire fût plus lourd que le texte.

« Je n’ai, dit-on, justifié mon client des impuretés qui lui étaient reprochées que par l’exemple d’auteurs dont la licence aurait été égale à la sienne. Et