Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/261

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à cette occasion, lieu commun sur le débordement des mœurs dans les temps qui précédèrent la révolution, etc., etc.

« Je ne nie pas ce débordement ; je pourrais même prendre acte de l’aveu qui en est fait, pour en conclure, contre d’autres assertions, que nos mœurs se sont améliorées depuis la révolution. Mais je ferai seulement remarquer que je n’ai pas allégué ces exemples pour en inférer que, d’autres ayant mal fait, Béranger avait pu mal faire aussi : je les ai seulement cités pour prouver qu’il n’avait pas excédé les bornes du genre ; et je me suis fait une autorité de ces exemples, précisément parce qu’ils étaient empruntés à des personnes dont le rang et le caractère semblaient offrir la plus haute garantie. Je n’ai cité Collé que par occasion, et seulement pour faire remarquer que l’impunité de son livre tenait à la qualité de l’éditeur (qui a l’honneur d’être censeur).

« On a contesté à Béranger le mérite d’avoir montré du courage en faisant son Roi d’Yvetot. Cette chanson, a-t-on dit, ne s’appliquait point à Napoléon. — C’est nier un fait constant. C’est la science de tout Paris que cette chanson fut faite contre lui, à une époque dont tant de gens semblent avoir perdu la mémoire, où tout rampait, tout flattait, tout servait… plusieurs même adoraient !…

« Revenant sur le chef d’outrage à la morale publique et religieuse, on a reproché à Béranger de n’avoir pas parlé de Dieu comme en ont parlé Platon et tant d’autres…

« Il ne s’agit pas de savoir si Béranger a parlé aussi bien que Platon ; il s’agit de savoir s’il a outragé la Divinité : or j’ai prouvé que non, et démontré que Béranger, en respectant la morale religieuse, n’avait