Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/94

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Chassons cet homme, et soufflons sur sa gloire,
Comme au grand jour on éteint un flambeau.

Et tu voudrais t’attacher à leur chute !
Connais donc mieux leur folle vanité.
Au rang des maux qu’au ciel même elle impute,
Leur cœur ingrat met ta fidélité.

Va ; sers le peuple en butte à leurs bravades,
Ce peuple humain, des grands talents épris,
Qui t’emportait, vainqueur aux barricades,
Comme un trophée, entre ses bras meurtris.

Ne sers que lui. Pour lui ma voix te somme
D’un prompt retour après un triste adieu.
Sa cause est sainte : il souffre, et tout grand homme
Auprès du peuple est l’envoyé de Dieu.

Chateaubriand, pourquoi fuir ta patrie,
Fuir son amour, notre encens et nos soins ?
N’entends-tu pas la France qui s’écrie :
Mon beau ciel pleure une étoile de moins ?