Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/93

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De son pays, qui lui doit tant de lyres,
Lorsque la sienne en pleurant s’exila,
Il s’enquérait aux débris des empires
Si des Français n’avaient point passé là.

C’était l’époque où, fécondant l’histoire,
La grande épée, effroi des nations,
Resplendissante au soleil de la gloire,
En fit sur nous rejaillir les rayons.

Ta voix résonne, et soudain ma jeunesse
Brille à tes chants d’une noble rougeur. h*
J’offre aujourd’hui, pour prix de mon ivresse,
Un peu d’eau pure au pauvre voyageur.

Chateaubriand, pourquoi fuir ta patrie,
Fuir son amour, notre encens et nos soins ?
N’entends-tu pas la France qui s’écrie :
Mon beau ciel pleure une étoile de moins ?

Des anciens rois quand revint la famille,
Lui, de leur sceptre appui religieux,
Crut aux Bourbons faire adopter pour fille
La Liberté qui se passe d’aïeux.

Son éloquence à ces rois fit l’aumône.
Prodigue fée, en ses enchantements,
Plus elle voit de rouille à leur vieux trône,
Plus elle y sème et fleurs et diamants.

Mais de nos droits il gardait la mémoire.
Les insensés dirent : Le ciel est beau.