Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/57

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Deux siècles et demi avant le temps d’Hérodote (vers 700 avant notre ère), vivait en Asie-Mineure Magnès de Smyrne, dont Nicolas de Damas nous a conservé l’histoire et le portrait : « De belle mine, de grande réputation pour la poésie et pour la musique, toujours paré de la façon la plus somptueuse, vêtu de pourpre, des ornements d’or dans sa longue chevelure, il s’en allait de ville en ville, donnant des représentations des Poésies ». Aimé des hommes, mignon du roi Gygès, il affolait les femmes et en usait à son caprice ; les maris de Magnésie du Méandre alléguèrent un passage de ses vers épiques pour lui déchirer son costume, lui raser les cheveux et le couvrir d’insultes : il avait, disaient-ils, négligé de faire en son épos une place aux exploits de leurs aïeux.

Au temps d’Hérodote, on racontait comment Arion avait été sauvé par un dauphin : il était, à vrai dire, non un rhapsode d’épos, mais un chanteur de dithyrambe ; mais, de l’épos à la tragédie, le dithyrambe fut l’un des intermédiaires. Arion était allé faire une tournée en Grande-Grèce : dans les villes italiotes et siciliennes, il avait recueilli de belles recettes qu’il rapportait à son domicile de Corinthe. À bord du vaisseau qui le ramenait, les matelots cupides résolurent de le mettre à mort pour s’emparer de sa fortune : ils lui déclarèrent