Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/84

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qu’un Liodès n’a pas pu le bander !… Si tu reçus le jour de ton auguste mère, ce n’est pas pour tirer de l’arc, lancer des flèches !… Laisse un peu ! tu vas voir nos braves prétendants !

De gauche à droite, chacun des prétendants vient à son tour et échoue à bander l’arc. Eurymaque essaie le dernier, car Antinoos, quand arrive son propre tour, décide que l’on remet la suite au lendemain.

Ulysse entre alors au jeu et sa flèche ou sa pique, instrument de sa vengeance, va refaire le même tour du hall, mais en sens inverse : Antinoos et Eurymaque en sont les premières victimes et Liodès, la dernière.

Ulysse le mendiant est assis ce jour-là dans l’embrasure de la porte, à une petite table, sur l’escabelle que lui a fait donner Télémaque. Eumée, envoyé par son jeune maître, lui remet l’arc et les flèches. Ulysse tâte longuement son vieil arc pour s’assurer que les vers n’en ont pas rongé la corne, puis, sans quitter son siège ni sa table, il envoie sa flèche à travers l’avant-pièce et le préau, dans les trous des douze haches plantées en ligne dans la cour.

Alors, jetant ses loques, Ulysse l’avisé sauta sur le grand seuil. Il avait à la main son arc et son carquois plein de flèches ailées. Il vida le carquois devant lui, à ses pieds, puis dit aux prétendants :