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WOZZECK


CHAMBRE
LE CAPITAINE. WOZZECK.
Le capitaine sur une chaise. Wozzeck le rase.

Le capitaine. — Lentement, Wozzeck, lentement ; au fur et à mesure. Tu me donnes le vertige. Que dois-je donc faire des dix minutes que tu me laisses en trop aujourd’hui ? Wozzeck ! songes-y, tu as encore trente bonnes années à vivre ! Trente ans ! cela fait trois cent soixante mois, et combien de jours, d’heures, de minutes ! Que veux-tu donc faire de tout ce temps énorme ? Répartis-le, Wozzeck !

Wozzeck. — Oui, monsieur le capitaine !

Le capitaine. — Le monde m’inspire de l’inquiétude, quand je pense à l’éternité. De l’occupation, Wozzeck, de l’occupation ! Éternellement, c’est éternellement ! — Tu comprends cela. Mais d’autre part ce n’est pas éternel, ce n’est qu’un moment, oui, qu’un moment ! — Wozzeck, je frémis quand je songe que la terre tourne en un jour. Quelle perte de temps ! — où cela aboutira-t-il ? Tout va si vite ! — Wozzeck, je ne