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WOZZECK

Wozzeck. — Ma vue se trouble !

Le docteur (paraît dans la cour, prend la chatte). — Que vois-je, Messieurs ! Une nouvelle espèce de poux de lièvre. Une plus belle espèce que celles déjà connues. (Il tire de sa poche une loupe.) Poux de lièvre, Messieurs ! L’animal n’a aucun instinct scientifique. Poux de lièvre, celui-ci en porte dans sa fourrure les plus beaux échantillons. Messieurs ! vous pouvez en échange voir quelque chose d’autre. Regardez cet homme ! Depuis trois mois il ne mange que des pois. Remarquez le résultat — sentez donc son pouls inégal, puis voyez ses yeux —

Wozzeck. — Monsieur le docteur, ma vue se trouble complètement ! (Il s’assied.)

Le docteur. — Courage, Wozzeck, encore quelques jours, et c’est fini. Sentez, Messieurs, sentez ! (Les étudiants tâtent les tempes, le pouls et la poitrine de Wozzeck.) A propos, Wozzeck, agite donc une fois tes oreilles devant ces messieurs. J’ai déjà voulu vous montrer cela — deux muscles y sont actifs. Allons ! vite !

Wozzeck. — Ah, monsieur le docteur !

Le docteur. — Bête ! dois-je te remuer les oreilles ? Veux-tu faire comme les chats ? Oui, Messieurs, ce sont des transitions jusqu’à l’âne, provenant fréquemment aussi de l’éducation et de la langue maternelles. Wozzeck ! Ta mère, par tendresse, t’a joliment arraché les cheveux quand tu as pris congé d’elle. Ils sont devenus bien rares. Ou est-ce seulement depuis quelques jours, est-ce l’effet des pois ! Oui, Messieurs, ce sont les pois, les pois ! La science !