Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
WOZZECK

sur le banc devant la maison.) Encore ! (Il croise les mains.) Tournez, roulez ! Pourquoi Dieu n’éteint-il pas le soleil ? Tous les êtres se roulent avec volupté les uns sur les autres ! Homme et femme, fille et bête ! Ils le font en plein jour, peu s’en faut qu’ils ne le fassent sous nos yeux, comme les mouches. Femme ! femme ! Encore ! (Il se lève brusquement.) Comme il l’enlace ! Son propre corps ! Et cela la fait rire ! Damnation ! Je —

Garçons (à l’intérieur, chantent en chœur) :

Un chasseur du Palatinat
Chevauchait un jour à travers une forêt verte,
Halli, halloh ! Halli, halloh !
Certes, attrayante est la chasse.
Ici sur la verte bruyère.
Chasser est ma joie.

D'autres garçons (chantent) :

O fille, ma fille —
Que s’est-elle imaginé,
En s’attachant aux cochers
Et aux matelots ?

(Des soldats sortent et passent devant Wozzeck.)

Un soldat (à Wozzeck). — Que fais-tu ?

Wozzeck. — Quelle heure ?

Le soldat. — Onze heures.

Wozzeck. — Vraiment ? Je croyais qu’il était plus tard. Le temps devient long quand on s’amuse ainsi.

Le soldat. — Pourquoi restes-tu devant la porte ?

Wozzeck. — J’y suis bien. Il y a près de la porte beaucoup de gens qui ne savent pas qu’ils y sont, jusqu’à ce qu’on leur fasse passer le seuil, les pieds en avant !

Le soldat. — Ton siège est dur.