Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/313

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immédiatement chez lui, il devint tranquille ; d’anciennes figures oubliées lui semblaient surgir des ténèbres, de vieilles chansons s’éveiller dans sa mémoire. Il était transporté ailleurs. Enfin il fallut se séparer. On l’accompagna dans la rue, car le presbytère était trop étroit, et on lui donna une chambre à l’école. Il monta. Il y faisait froid ; c’était une grande chambre vide, avec, au fond, un lit élevé. Il posa la chandelle sur la table, marcha en tous sens, se remit à songer à cette journée de son arrivée, au lieu où il était, à la chambre du pasteur avec ses lumières et ses charmants visages ; c’était pour lui comme une ombre, un rêve, et le vide se refit en lui, comme sur la montagne ; mais il ne pouvait plus le remplir. La chandelle était éteinte, tous les objets engloutis dans l’obscurité. Une angoisse inexprimable s’empara de lui. Il bondit, courut à travers la chambre, descendit l’escalier, enjamba le seuil. Mais inutilement, tout était sombre ; il était à lui-même un rêve, des pensées successives naissaient rapidement en lui, il s’y accrochait, il lui semblait qu’il devait toujours dire Pater noster. Il ne pouvait plus se retrouver, un vague instinct le poussait à se sauver ; il se heurtait aux pierres, il se déchirait avec ses ongles ; la douleur ne tarda pas à lui faire reprendre ses sens. Il s’élança dans la fontaine ; mais l’eau n’était pas profonde, il s’y débattit. Alors arriva du monde. On l’avait entendu, on l’appela. Oberlin accourut ;