Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/320

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volupté ; enfin il y eut en lui une éclaircie, il éprouva une douce et profonde compassion pour lui-même, il pleura sur son sort ; sa tête tomba sur sa poitrine, il s’endormit. La lune brillait en plein au ciel. Ses boucles pendaient sur ses tempes et sur son visage, les larmes étaient suspendues à ses cils et séchaient sur ses joues. Il était couché ainsi là seul, tandis qu’autour de lui tout était calme, silencieux et froid, et que la lune continuait à luire au-dessus de la montagne.

Le lendemain matin il descendit, et raconta tout tranquillement à Oberlin comment sa mère lui était apparue la nuit ; qu’elle était sortie, habillée de blanc, de la muraille sombre du cimetière ; qu’elle avait sur la poitrine une rose blanche et une rose rouge ; qu’ensuite elle s’était affaissée dans un coin, et que les roses avaient grandi lentement sur elle : elle était certainement morte, il savait à quoi s’en tenir à ce sujet. Oberlin lui narra de son côté comment, à la mort de son père, il était seul dans la campagne, qu’il avait ensuite entendu une voix, et qu’ainsi il sut que son père était mort ; et, une fois de retour à la maison, il vit que la chose était vraie. Ceci les amena plus loin. Oberlin parla des habitants des montagnes, de jeunes filles qui découvrent l’eau et les métaux sous la terre, d’hommes qui, sur certains sommets, ont été attaqués et ont lutté avec un esprit ; il lui dit aussi comment un jour, dans la montagne, la contempla-