Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/321

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tion d’un torrent aux eaux claires et profondes l’avait jeté dans une sorte de somnambulisme. Lenz déclara que l’esprit des eaux l’avait visité et qu’il s’était assimilé quelque chose de son essence particulière. Il continua : C’est la nature la plus simple et la plus pure, dit-il, qui a les rapports les plus intimes avec les éléments ; plus l’homme apporte de raffinement dans sa vie et dans sa pensée, plus ce sens élémentaire s’émousse. Je ne regarde pas cet état comme bien haut, il n’est pas assez indépendant ; mais je pense qu’on doit éprouver une immense félicité à être ainsi en contact avec la vie particulière de chaque forme, à avoir une âme pour les pierres, les métaux, l’eau et les plantes, à absorber en soi, comme un rêve, chaque être de la nature, ainsi que les fleurs absorbent l’air suivant la croissance ou le déclin de la lune.

Il s’expliqua plus longuement, parlant de l’harmonie inexprimable, de l’accord, de la félicité qui existent en tout, qui se répandent, qui résonnent, qui s’affirment avec plus d’organes dans les formes supérieures, et qui en conséquence revêtent un caractère d’autant plus profond ; de même, au contraire, dans les formes inférieures, tout est plus refoulé, plus borné ; mais, en revanche, le calme de celles-ci est d’autant plus grand. Il poursuivit sur ce terrain. Oberlin brisa là ; cette conversation l’amenait trop loin de sa manière simple. Une autre fois, Oberlin lui montra des tablettes colo-