Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

expirait tout doucement. Ensuite il se livra au repos.

Lenz s’endormit en rêvant, puis il entendit dans son sommeil le tic-tac de l’horloge. À travers le chant léger de la jeune fille et la voix de la vieille passait le sifflement du vent, tantôt tout près, tantôt plus loin, et la lune tour à tour claire et voilée jetait mystérieusement dans la chambre sa lumière changeante. Une fois les sons s’élevèrent, la jeune fille parlait distinctement ; elle disait qu’en face d’elle, sur le roc, il y avait une église. Lenz regarda. Elle était assise toute droite derrière la table, les yeux tout grands ouverts, et la lune jetait sa placide lueur sur ses traits, qui semblaient répandre un éclat inquiétant ; en même temps la vieille nasilla, et ce va-et-vient, cette disparition de la lumière, ces sons et ces voix, plongèrent enfin Lenz dans un profond sommeil.

Il s’éveilla de bonne heure. Tout dormait dans la chambre faiblement éclairée. La jeune fille était désormais tranquille ; elle était penchée en arrière, les mains croisées sous la joue gauche ; le caractère spectral de ses traits avait disparu, ils étaient maintenant empreints d’une expression de souffrance indicible. Il alla à la fenêtre et l’ouvrit : l’air froid du matin le frappa en plein visage. La maison était située à l’extrémité d’une vallée étroite et profonde qui s’ouvrait vers l’est ; des rayons rouges passaient à travers le ciel grisâtre dans la vallée