Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans cet endroit, deux marchands arrivèrent et leur racontèrent qu’on avait lié dans une maison un étranger qui se donnait comme meurtrier, mais qui certainement ne pouvait pas l’être. Ils y coururent et l’y trouvèrent en effet. Un jeune homme dans sa frayeur l’avait lié, sur sa demande instante. Ils le délièrent et le ramenèrent à Waldbach, où dans l’intervalle Oberlin était revenu avec sa femme. Il paraissait troublé ; mais quand il eut remarqué qu’on l’accueillait affectueusement et amicalement, il reprit cœur, son visage changea à son avantage, il remercia sur un ton de tendresse ses deux compagnons, et la soirée se passa paisiblement. Oberlin le supplia de ne plus se baigner, de rester la nuit en paix dans son lit, et, quand il ne pourrait dormir, de s’entretenir avec Dieu. Il le promit et le fit la nuit suivante ; les servantes l’entendirent prier presque sans interruption.

Le matin il entra, la mine toute joyeuse, dans la chambre d’Oberlin. Après lui avoir parlé de différentes choses, il lui dit avec une affabilité extraordinaire : « Cher Monsieur le pasteur, la femme dont je vous ai parlé, elle est morte, elle est morte, l’ange ! » — « D’où le savez-vous ? » — « Hiéroglyphes ! hiéroglyphes ! » — puis il regardait au ciel et recommençait : « Oui, morte, — hiéroglyphes ! » — Impossible de tirer de lui autre chose. Il s’assit et écrivit quelques lettres qu’il remit à