Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/348

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morne voisin du néant, à lui rendre la raison grâce à la douleur physique. Les moments où son esprit paraissait chevaucher sur n’importe quelle idée folle étaient encore les plus heureux. C’était du moins un peu de repos, et son regard troublé n’était pas aussi terrible que lorsqu’il ressentait cette aspiration affamée de salut, cette torture éternelle de l’inquiétude ! Souvent il se frappait la tête contre la muraille, ou il provoquait en lui une violente douleur physique.

Le 8 au matin il resta au lit. Oberlin monta. Il reposait presque nu sur le lit et était violemment agité. Oberlin voulut le couvrir, mais il se plaignit très fort que tout était lourd, excessivement lourd ; il ne croyait pas même pouvoir marcher, il ressentait enfin la prodigieuse pesanteur de l’air. Oberlin l’encouragea. Mais il resta dans sa position la plus grande partie du jour, sans même songer à prendre de nourriture. Vers le soir on manda Oberlin vers un malade dans la direction de Bellefosse. Le temps était doux et il faisait clair de lune. Lenz le rencontra lorsqu’il revenait. Le jeune homme paraissait tout à fait raisonnable et il causa tranquillement avec le pasteur. Celui-ci le pria de ne pas retourner : il le promit. En s’en allant il fit tout à coup volte-face, s’approcha d’Oberlin et lui dit brusquement : « Voyez-vous, Monsieur le pasteur, si seulement je ne devais plus entendre cela, je serais sauvé. » — « Quoi donc,