Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/349

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mon ami ? » — « N’entendez-vous donc rien, n’entendez-vous donc pas la voix effroyable qui crie autour de tout l’horizon, et qu’on nomme habituellement le silence ? Depuis que je suis dans cette vallée paisible, je l’entends toujours, elle ne me laisse pas dormir ; ah ! Monsieur le pasteur, si je pouvais recommencer à dormir ! » Puis il avança en secouant la tête. Oberlin revint vers Waldbach et allait lui envoyer quelqu’un, quand il l’entendit monter l’escalier de sa chambre. Un moment après quelque chose tomba dans la cour avec un si grand bruit, qu’Oberlin ne pouvait croire que ce bruit provînt de la chute d’un homme. La servante apparut pâle comme une morte et toute tremblante…

 

Il était assis avec une froide résignation dans la voiture ; celle-ci quittait la vallée et s’avançait vers l’ouest. Peu lui importait où on le conduisait ; plusieurs fois même, les mauvais chemins mettant la voiture en danger, il n’y resta pas moins très tranquillement ; il était indifférent à tout. C’est dans cet état qu’il fit route à travers la montagne. Vers le soir ils étaient dans la vallée du Rhin. Ils s’éloignaient peu à peu de la montagne, qui maintenant surgissait dans le crépuscule comme une vague de cristal bleu foncé, sur le flot tiède de laquelle jouaient les rayons rouges du soir ; sur la plaine, au pied des monts, s’étendait un voile bleuâtre et scintillant. L’obscurité s’épais-