Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/170

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ne fassent plus obstacle aux sciences. Quelqu’un a observé très judicieusement que les fables, les contes superstitieux, et toutes ces sornettes dont les nourrices bercent les enfans et qu’elles regardent comme un badinage, ne laissent pas de dépraver très sérieusement leur esprit ; c’est cette raison-là même qui éveille notre sollicitude : nous craignons que dès le commencement, et lorsque nous manions et gouvernons, pour ainsi dire, l’enfance de la philosophie, en traitant l’histoire naturelle, elle ne s’accoutume à des futilités. Ainsi dans toute expérience nouvelle et un peu délicate, quoique certaine et bien vérifiée, du moins à ce qu’il nous semble, nous n’avons pas laissé de décrire avec clarté la manière dont nous nous y sommes pris pour la faire ; afin qu’ayant bien considéré notre procédé et notre résultat, d’autres voient plus aisément ce qu’il peut s’y glisser d’erreur et s’y attacher de faux, et qu’ils s’évertuent eux-mêmes pour trouver des épreuves plus sûres et plus délicates, s’il