Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/335

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plus haute de l’ame et règne aussi sur la volonté. En effet, il n’est aucune puissance terrestre qui s’érige un trône, et qui siège, pour ainsi dire, dans les esprits, dans les ames, dans les pensées, dans les imaginations, par l’assentiment et la foi, sinon la science et la doctrine. Aussi voyons-nous l’immense et détestable volupté dont sont pénétrés et comme ravis, les hérésiarques, les faux prophètes et tous les grands imposteurs, quand ils s’apperçoivent qu’ils ont commencé à régner sur la foi et la conscience des hommes : volupté telle que, dès qu’un homme en a une fois goûté, il n’est plus de persécution ni de supplice qui puisse le contraindre à abdiquer cette sorte d’empire. Or, c’est cela même qui, dans l’apocalypse, est appellé l’abyme les profondeurs de Satan. De même et par la raison des contraires, un juste et légitime empire sur les esprits, établi par l’évidence même et la douce recommandation de la vérité, a beaucoup d’analogie avec la puissance divine, et en approche autant qu’il est possible.