Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/336

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Quant à la fortune et aux honneurs, la munificence de la science n’enrichit pas tellement les royaumes entiers et les républiques, qu’elle n’agrandisse et n’élève aussi parfois la fortune des hommes privés. Car ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on a observé qu’Homère avoit plus nourri d’hommes, que ne le purent jamais Sylla, César et Auguste, par tant de largesses, soit aux armées, soit au peuple et tant de distributions de terres. Certes il n’est pas facile de dire lesquelles des armes ou des lettres ont le plus établi de fortunes. De plus, parlons-nous de la souveraine puissance, nous voyons que, si l’on doit ordinairement la couronne aux armes ou au droit d’hérédité, plus souvent encore le sacerdoce, qui rivalisa toujours avec la royauté, est le partage des lettres. Enfin, si, dans la science, vous envisagez le plaisir et les douceurs qu’elle procure, nul doute que ce genre de plaisir ne l’emporte de beaucoup sur toutes les autres voluptés. Eh quoi ! le plaisir, dérivé de certaines affec-