Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
369
DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

leur essence ; et pour les porter à éviter et à repousser tous les maux qui les affligent ou les menacent. Cependant cette même nature ne sait point garder de mesure, et à ces craintes salutaires elle en mêle de vaines et de puériles. Ensorte que, si l’on pouvoit pénétrer dans l’intérieur de chaque être, on verroit que tout est plein de terreurs paniques, surtout les ames humaines, et plus que tout, le vulgaire qui est prodigieusement agité et travaillé par la superstition (laquelle au fond n’est autre chose qu’une terreur panique), principalement dans les temps de détresse, de danger et d’adversité. Et ce n’est pas seulement sur le vulgaire que règne cette superstition ; mais des opinions de ce vulgaire, elle s’élance dans les ames des plus sages : ensorte qu’Épicure, s’il eût réglé sur un même principe tout ce qu’il a avancé sur les dieux, eût tenu un langage vraiment divin, lorsqu’il a dit : que ce qui est profane, ce n’est pas de nier les dieux du vulgaire, mais bien d’appliquer aux