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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

danse, pour ainsi dire, à la mesure de nos pensées : c’est ce qui est figuré par cette danse des nymphes. Ces satyres et ces silènes qui accompagnent perpétuellement le dieu Pan, ce sont la jeunesse et la vieillesse ; car il est, dans toutes les choses de ce monde, un âge de gaieté et d’activité, et un autre âge où elles soupirent après le repos et aiment à boire[1]. Or, aux yeux de tout homme qui se fait des choses une juste idée, les goûts de ces deux âges peuvent paraître quelque chose de difforme et de ridicule, comme le sont les satyres et les silènes. Quant à l’allégorie des terreurs paniques, elle renferme un sens très profond. Car la nature a mis dans tous les êtres vivans la crainte et la terreur en qualité de conservatrice de leur vie et de

  1. Ceci peut s’entendre de ce dessèchement et de ce raccornissement qui accompagne, ou plutôt qui constitue la vieillesse ; sorte d’état calcaire où les corps étant excessivement privés d’humidité, l’appetent et l’attirent avec beaucoup de force.