Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/268

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90. L’admiration et les contemplations qui ont peu de profondeur, sont aussi de puissans moyens pour prolonger la vie : en tenant l’esprit occupé d’objets de prédilection et de pensées qui n’ont rien de trop pénible ni de trop affligeant, elles préservent ainsi les esprits des funestes effets de ces réflexions contentieuses et moroses qui rongent la plupart des hommes. Aussi ces anciens contemplatifs (tels que Démocrite, Platon, Parménide, Apollonius, etc.) qui, étant uniquement occupés de l’étude de la nature, et promenant librement leurs regards sur la vaste étendue de la réalité des choses, embrassoient l’univers entier dans leurs vagues conceptions, et y trouvoient un trésor inépuisable de pensées aussi grandes que leur objet, de sentimens généreux et de douce admiration, ont-ils fourni une très longue carrière. Il en faut dire autant de ces rhéteurs qui, ne faisant, pour ainsi dire, que goûter de la science, et qu’en cueillir la fleur, étoient plus jaloux de briller et de plaire par l’éclat et les grâ-