Page:Bacon - Œuvres, tome 11.djvu/375

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parlé ; elles étoient destinées à nos malades, et on nous les donna comme un remède éprouvé pour toutes ces maladies qu’on peut contracter à la mer. On y joignit une boîte remplie de pillules grises ou blanchâtres, en nous recommandant d’en faire prendre une à chacun d’eux tous les soirs avant de se mettre au lit, et en nous assurant qu’elles håteroient leur rétablissement. Le lendemain, lorsque nous fûmes débarrassés de tout le travail nécessaire pour mettre à terre nos malades et nos effets, je rassemblai tous nos gens, et je leur parlai ainsi : « Frères et amis, tâchons de réfléchir un peu sur nous-mêmes et de nous faire une juste idée de notre situation : nous voilà sans doute sortis, pour ainsi dire, du ventre de la baleine comme Jonas, et déposés à terre ; mais, quoique nous soyons à terre, nous sommes encore entre la vie et la mort ; car nous sommes à une distance prodigieuse, soit de l’ancien monde, soit du nouveau : pourrons-nous ja-