Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/337

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que nous nous flattions de commander aux mots, et qu’il soit aisé de dire : il faut parler comme le vulgaire et penser comme les sages ; que de plus les termes consacrés aux arts, lesquels ont cours seulement parmi ceux qui y sont versés, semblent suffire pour remplir cet objet ; qu’enfin les définitions dont nous avons parlé, mises en tête des arts, suivant la louable coutume des mathématiciens, puissent, jusqu’à un certain point, corriger les mauvaises acceptions de mots ; néanmoins toutes ces précautions seront insuffisantes et n’empêcheront pas que les prestiges et les enchantemens des mots, se tournant de nouveau contre l’entendement, à la manière de ces tartares qui combattent en fuyant, ne lui

    ont aussi besoin d’être définis jusqu’à ce qu’on soit arrivé a ceux qui expriment des sensations simples ; car alors la meilleure définition possible des mots qui expriment ces sensations et de ceux qui désignent les objets qui les excitent, c’est de nous faire éprouver ces sensations en présentant ces objets à nos sens, ou de nous les rappeler si nous les connoissons.