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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

Mais enfin si l’on vouloit avoir une grammaire vraiment excellente, il faudroit qu’un homme versé dans beaucoup de langues, soit savantes soit vulgaires, traitât de leurs différentes propriétés, et nous dît en quoi chacune excelle et en quoi elle pèche ; c’est ainsi que les langues peuvent s’enrichir par leur com-

    mais c’en est un excellent pour retrouver la science perdue, faute d’attention, ce qui seroit vraiment nouveau ; car en analysant les mots primitifs, on découvre ce qu’avoient dans l’esprit ceux qui les imaginèrent. Par exemple on s’aperçoit que les mots qui servent à exprimer les différentes qualités de l’esprit et du caractère, sont presque toujours ceux qui servent aussi pour exprimer les dispositions physiques, dont ces dispositions morales sont la cause ou l’effet ; principe dont cet ouvrage que nous avons publié sous le nom de méchanique morale est la continuelle application. Ces premiers hommes qui inventèrent peu à peu les langues, ne suivant, dans l’imposition des noms, que l’impulsion du besoin, observèrent plus exactement les loix de l’analogie et de l’association des idées que nous, qui, en imaginant de nouveaux termes, ne cherchons qu’à briller.