Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/211

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et la plus marquée qu’on observe entre les esprits, différence vraiment radicale, c’est celle-ci : les uns ont plus de force et d’aptitude pour observer les différences des choses ; les autres, pour saisir les analogies. Car les esprits qui ont de la pénétration et de la tenue, appuyant davantage sur chaque sujet, et s’y attachant plus constamment, sont, par cela même, plus en état d’y démêler les nuances les plus légères. Mais les génies qui ont plus d’étendue, d’élévation et d’essor, n’en sont que plus capables de saisir les analogies les plus imperceptibles, de généraliser leurs idées, et de les réunir en un seul corps. Ces deux sortes d’esprits donnent aisément dans l’excès, en voulant ou pincer des infiniment petits, ou embrasser de vastes chimères[1].

  1. Il est un degré d’exactitude et de précision minutieuse, qui est non-seulement inutile, mais même nuisible, en occasionnant une grande perte de temps et en multipliant les sensations pénibles.