Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/268

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seroit-il ? dans l’être ou dans le néant ? À cette question on ajoutoit ce dilemme : si vous ne pouviez pas étendre le bras, il y auroit donc quelque chose au-delà de ce bras ; savoir, ce qui l’empêcheroit de s’étendre ; et alors il ne seroit pas vrai qu’il est sur la dernière limite ; et si vous pouviez l’étendre, il y auroit donc encore au-delà de cette limite prétendue, tout au moins un espace où votre bras se logerait ; et l’on pourroit faire sur la fin de cet espace le même raisonnement que nous venons de faire sur son commencement. Donc l’univers est infini puisqu’en faisant les deux suppositions contraires, on plutôt contradictoires, on a toujours la même conséquence ; savoir : qu’il n’a point de limites, et qu’on tombe toujours dans l’absurde, en lui en supposant : voilà ce qu’on disoit. Le fait est que nous ne pouvons imaginer ni même concevoir l’univers ni comme fini ni comme infini. Nous venons de nous assurer du premier point : quant au second, je dis qu’à proprement parler, nous n’avons aucune idée positive de l’infini nous croyons l’avoir, parce que nous employons souvent ce mot, et croyons n’avoir point de mots sans idées. Mais au fond nous ne l’avons point ; ce n’est qu’une idée négative, ou une négation d’idées, une destruction hypothétique, ou abstraction d’idées positives, c’est-à-dire, d’idées qui aient un objet réel. Or, cette idée négative,