Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/114

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le repos public étoit troublé par une guerre civile qui passoit pour la troisiéme de cette espéce depuis la mort du roy Henry Iv. M Descartes qui se voyoit âgé de 21 ans, crut qu’il étoit tems de songer à se mettre dans le service. Les importuns de son âge et de sa qualité l’avoient mis hors d’état de rentrer dans sa retraite, ou d’en pouvoir profiter. C’est ce qui le fit résoudre à sortir de la ville, aprés en avoir eu la permission de son pére. Son devoir joint à son inclination le portoit à vouloir prendre parti dans les troupes du roy : mais il fallut prendre quelques mesures pour ne point paroître partisan du maréchal D’Ancre, dont la domination étoit devenuë odieuse aux meilleurs serviteurs du roy. Le prétexte de cette domination insupportable tenoit le Duc De Nevers, le Duc De Vendôme, le Duc De Mayenne, le maréchal De Boüillon éloignez de la cour, et dans une espéce de rebellion contre l’etat. De sorte qu’il n’étoit ni glorieux, ni honnête de servir dans leurs armées. Il songeoit donc à se mettre dans les armées du roy sous le Duc De Guise, ou le Comte D’Auvergne, lorsque l’envie de voir les pays étrangers luy inspira le dessein d’aller servir parmi des peuples qui fussent alliez du roy. En quoi il se proposa l’éxemple de plusieurs jeunes gentils-hommes de la noblesse françoise, qui alloient alors apprendre le métier de la guerre sous le prince Maurice De Nassau en Hollande.

Il préparoit son équipage, lorsqu’il apprit la mort du maréchal D’Ancre qui fut tué au Louvre le lundy 24 d’avril par les gens de M De Vitry capitaine des gardes du corps. Cét accident suivi du rappel des mécontens à la cour, changea la face des affaires dans l’etat : mais il ne fit point changer de résolution à M Descartes. Il partit pour les Païs-Bas vers le commençement du mois de may, et il alla droit au Brabant hollandois se mettre dans les troupes du prince Maurice en qualité de volontaire.

Il est vray que les provinces unies joüissoient alors du repos que leur avoit procuré la tréve concluë le neuviéme d’avril de l’an 1609 avec les espagnols pour l’espace de douze ans. Mais on ne s’apperçevoit presque pas de la suspension d’armes parmi les troupes hollandoises, que le prince Maurice avoit soin de tenir en haleine par des éxercices c