Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/119

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tout de l’avocat general Barneveldt, personnage d’un mérite éclatant, qu’ils prétendoient faire passer pour leur chef et leur protecteur. Les gomaristes avoient pour eux, les etats généraux, le Prince Maurice, la noblesse, les gens de guerre, et le petit peuple.

Trois mois avant que M Descartes fût arrivé en Hollande, il s’étoit élevé contre les arminiens une émotion populaire, dont la fureur les avoit obligez à prendre leurs suretez pendant tout le cours de cette année. Par une délibération du quatriéme jour d’août, ils levérent des soldats en plusieurs endroits des provinces. Ces soldats furent appellez attendans

et pour faire connoître les

intentions de ceux qui vouloient s’en servir, ils ne portoient ni les livrées du Prince D’Orange sur leurs habits, ni ses armes sur leurs enseignes.

Cette entreprise obligea le Prince Maurice, qui étoit devenu Prince D’Orange, par la mort de son frére, arrivée le 20 de février de l’an 1618 d’aller avec des troupes, de ville en ville, dans les provinces, pour remédier à ces desordres.

M Descartes n’étoit pas tellement assujetti au séjour de Breda, qu’il ne pût en qualité de volontaire suivre ce prince dans toutes ces courses.

Mais il aima mieux rester avec la garnison, soit qu’il considérât ces troubles comme une guerre civile, incapable de lui faire honneur : soit qu’il ne crût pas que ce fût une chose honnête pour lui de se méler dans la passion de ce prince contre Barneveldt, sur tout lors qu’il ne s’agissoit que des différens d’une religion, aux partis de laquelle il n’avoit point d’interêt. Il n’abusa point de son loisir, mais il l’emploia à composer divers ecrits pendant l’absence du Prince D’Orange. Le plus connu de ces ecrits, et le seul de ces têms-la, qui soit venu jusqu’à nous par le moien de la presse, est son traitté de la musique . Il le fit en latin suivant l’habitude qu’il avoit de concevoir et d’écrire en cette langue, ce qui lui venoit dans la pensée. Il n’y travailla pourtant qu’aux instantes sollicitations de l’un de ses amis qui se trouvoit alors à Breda. Il ne nous a point fait connoître cét ami ; mais nous sçavons que pour donner au Sieur Béeckman, principal du collége de Dort, des preuves de l’amitié qu’il avoit contractée avec lui l’année