Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/118

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l’esprit et la capacité du jeune homme, il le trouva plus habile que luy dans des sciences dont il faisoit son étude depuis plusieurs années. Son entretien luy fit sentir qu’il étoit encore toute autre chose que ce que la solution du probléme de l’inconnu luy avoit fait paroître. Il luy demanda son amitié, luy offrit la sienne, et le pria de consentir qu’ils entretinssent un commerce mutuel d’étude et de lettres pour le reste de leur vie. M Descartes répondit à ces honnêtetez par tous les effets d’une amitié sincére : et pour luy donner des marques de la confiance qu’il avoit en luy, il consentit avec plaisir qu’il fût son correspondant pour la Hollande, comme il l’avoit souhaité. Leurs rélations durérent jusqu’en 1636 ou 1637 c’est-à-dire jusqu’à la mort de Béeckman. Il est vray que leur amitié souffrit une légére interruption quelques années aprés que M Descartes se fût établi en Hollande en qualité de philosophe : mais elle fut de peu de durée, et le Sieur Béeckman qui l’avoit causée par un défaut de conduite, eut soin de la réparer. M Descartes pratiqua encore des connoissances avec d’autres mathématiciens des Provinces-Unies, et sur tout avec un Isaac de Middelbourg qui luy proposa diverses questions de mathématiques et de physique pendant son premier séjour en Hollande.


Comme M Descartes étoit parmi des troupes qui sembloient ne devoir être employées que contre les espagnols, il n’eut pas beaucoup de part aux mouvemens qui se firent dans le fonds de la Hollande pendant ce temps-là, au sujet des controverses de religion survenuës entre les arminiens et les gomaristes. Les arminiens s’appuyoient des etats des provinces particuliéres de Hollande, de West-Frise, d’Utrecht, et d’Over-Issel ; de plusieurs magistrats, et sur