Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

détacher de l’armée bavaroise selon sa volonté. Mais je n’ay pû sçavoir sur quels mémoires le Sieur Lipstorpius a écrit que M Descartes avoit suivi l’armée du Duc De Baviére dans ce voyage ; que cette armée venoit attaquer les Suéves, c’est-à-dire, les peuples de Soüabe ; qu’elle avoit investi la ville d’Ulm pour y former un siége ; et qu’on étoit allé jusqu’à la décharge de l’artillerie, lors qu’on y vid arriver les ambassadeurs de France. La ville d’Ulm ne s’étoit pas déclarée contre l’Empereur Ferdinand : et quoi qu’elle fût comprise parmi les villes de l’union des correspondans , elle n’avoit donné d’ailleurs aucun sujet d’hostilité aux armées des catholiques.

Par cette raison elle fut trouvée commode pour la médiation du roy de France, dont les ambassadeurs s’y rendirent le sixiéme de juin de l’an 1620.

Ils y furent suivis deux heures aprés par le Duc De Wirtemberg, et par le Marquis D’Anspach lieutenant général des troupes protestantes. Les députez de l’electeur palatin, ceux des princes correspondans , et ceux de Bohéme arrivérent le lendemain. Ceux du Duc De Baviére général de l’union des catholiques vinrent quelques jours aprés.

Le Duc D’Angoulême aprés avoir reçu les visites des princes et des députez, fit l’ouverture de cette célébre assemblée par un beau discours, où il découvrit les vraies sources du mal dont on se plaignoit de part et d’autre : et il fit connoître les intentions que le roy son maître avoit d’y apporter du reméde, au contentement des deux partis.

Depuis le mois de mars il se tenoit une autre assemblée à Mulhausen en Turinge. Elle étoit composée d’electeurs et de princes de l’empire tant catholiques que luthériens de la confession d’Ausbourg, tous reconnoissans l’empereur Ferdinand pour roy de Bohéme. Les electeurs de Mayence, de Cologne, et de Saxe y étoient en personnes.

L’electeur de Tréves, le Duc De Baviére, et le lantgrave de Hesse y avoient leurs députez. Aprés avoir délibéré long-têms des moiens de délivrer l’empire de ses maux, ils avoient pris le parti d’écrire au nom de leur assemblée à l’electeur palatin, pour l’exhorter à se désister de la couronne de Bohéme. Ils avoient pareillement écrit aux etats de Bohéme et provinces incorporées, aux princes protestans correspondans , à la noblesse, et