Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/170

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parfaitement bien disposées. Mais outre que ces derniers ne manquoient de rien dans la place, ayant la porte libre du côté de la riviére, pour faire entrer autant d’hommes et de munitions qu’ils en pouvoient souhaitter : ils avoient encore hors de la ville 10000 hommes, venus à leur secours ; sçavoir, 4000 envoyez de Cassovie par le Prince Betlen, et 6000 amenez de Bohéme et de Moravie par le Comte De La Tour, et campez avantageusement au delà de la riviére. Les assiégez firent de fréquentes sorties, et l’armée des troupes auxiliaires traversoit tellement les passages et les avenuës de l’armée impériale, que le Comte De Bucquoy étoit obligé de faire une escorte de plusieurs compagnies de cavalerie et d’infanterie pour envoyer au fourrage.

Nonobstant ces inconvéniens, le siége avançoit en fort bon ordre, lors que le 10 de juillet un corps de 1500 chevaux hongrois, détaché du camp de delà la riviére et passé à la faveur du canon des assiégez, vint attaquer 1500 cavaliers des impériaux revenans du fourrage. à la prémiére alarme qui s’en donna, le Comte de Bucquoy accompagné de quelques officiers courut se mettre à la tête de ses gens.

Ayant considéré l’ordre des assaillans, il forma sur le champ divers escadrons, et fit avancer le Comte Torquati qui enfonça vaillamment l’avantgarde ennemie, et se trouva pêle mêle au milieu des hongrois avec ses soldats. L’escadron qui suivoit ne fit pas bien son devoir, et sa fuite entraîna les autres qui venoient aprés. De sorte que Torquati et les siens furent enveloppez et faits prisonniers, et que le Comte De Bucquoy se trouva seul devant l’ennemi.

Il eut beau courir d’escadron en escadron l’épée d’une main et le pistolet de l’autre pour rassurer les fuiards et les faire retourner. Ils n’eurent point d’oreilles pour lui : et ils l’abandonnérent si généralement qu’il fut coupé et investi seul par quinze hongrois des mieux montez, qui l’attaquérent de toutes parts. Il se défendit tres longtêms contre-eux avec son courage ordinaire, jusqu’à ce qu’il reçut un coup de pistolet au travers du corps, puis un autre coup de lance qui le fit tomber de son cheval. Le Marquis De Gonzague qui l’apperçût de loin, accourut avec quelques-uns de ses gens pour le secourir. Il se jetta au milieu des hongrois, en tua deux, et donna le loisir au Comte De