Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/9

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ÉPÎTRE.

ſe rendre viſible à nous dans la perſonne du Roy, que nous regardons comme l’image vivante de la Divinité. Mais ſi le plus grand honneur de LOUIS LE GRAND eſt d’avoir été choiſi de Dieu pour faire régner la Juſtice & la Vérité ſur la terre : y-a-t-il, MONSEIGNEUR, quelque autre honneur dans le monde après celui-là, qui fait plus grand & plus ſolide que celui d’avoir été choiſi par un ſi puiſſant Monarque pour être le Chef de la Juſtice dans ſon Royaume, & le Protecteur de la Vérité ſous ſes ordres ?

Mais ſi nous révérons dans votre Perſonne le premier Miniſtre de la Juſtice que le Roy a reçue de Dieu pour être diſtribuée aux Peuples : je ſerois preſque aſſez hardi pour regarder M. Deſcartes comme l’un des principaux Miniſtres de la Vérité que Dieu n’a point révélée, & dont il a bien voulu abandonner la recherche & la diſcuſſion aux Hommes. Si M. Deſcartes avoit été aſſez heureux pour rétablir la vraye Pbilojophie par les Joins quil a pris toute Ja vie de découvrir la Vérité dans le fonds de la Nature, ce feroit un avantage dont le genre humain feroit encore redevable an règne de LOUIS LE GRAND : puifque Sa Majefté Id, honoré de fa protection particulière defon vivant ; quelle t a gratifié de pen fions ^ pour faciliter lexécution de Jes grands deſſeins ; & qu’elle la comblé de toutes les bonte^ avec leJqueUes elle a coutume de reconnaître le vrai mérite.

M. Deſcartes ne pouvoit mieux répondre aux bonteTdu Roy 5 quen facrifiant toutes fès faculté-^ à cette Vérité que Dieu femble avoir cachée dans tout ce qu’il a créé, t5P dont la découverte pourrait produire la félicité temporelle des hommes. Il avott reçu de Dieu un amour violent pour cette Vérité, Cet amour fe trouvant accompagne de toute la droi-