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regardées comme avantageuses, si les intérêts de notre navigation n’eussent été de nouveau sacrifiés dans un second traité de commerce. Celui-ci favorisait les pêches et les manufactures de la Hollande, et faisait participer aux mêmes avantages les produits des fabriques anglaises, qui jusque alors avaient été soumis dans nos ports aux tarifs généraux. La Hollande obtenait de plus, pour ses vaisseaux, la suppression du droit de cinquante sous par tonneau créé par Henri IV, et dont Fouquet avait obtenu le rétablissement. La navigation française, privée de ce dernier moyen de protection, perdit entièrement alors l’activité que la guerre avait déjà ralentie. Ainsi, par les fautes accumulées du gouvernement, les besoins de la guerre comme les traités de paix concouraient à ruiner l’édifice commercial et financier dont Henri IV et Colbert avaient doté la patrie[1].

L’imminence du danger où s’était trouvé l’état avait pu faire adopter sans difficulté, dans la captation, un impôt direct et général ; mais, après le moment du besoin, les prérogatives fondées sur la naissance, les privilèges attribués à des fonctions, ceux même qui n’étaient acquis qu’à prix d’argent, ne devaient se prêter qu’avec peine au maintien d’une contribution qui les confondait sous le niveau de l’égalité proportionnelle avec la classe du tiers-état, que, plus tard encore et dans le parlement, on définit « la gent corvéable et taillable à merci et miséricorde. » Louis XIV, d’ailleurs, avait pris l’engagement de renoncer à la capitation trois mois après la conclusion de la paix. Plus

  1. Tarif de 1699. — Forbonnais, année 1697.