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tant d’exactions que d’officiers en titre. On eut de nouveau recours aux émissions de rentes sur tous les revenus, aux loteries, et aux alternatives plus désastreuses encore de réduction et d’élévation du taux des monnaies. Une de ces opérations fut accompagnée d’un événement remarquable par ses conséquences. La fabrication des nouvelles espèces n’allant pas assez vite, et le trésor n’ayant pas de fonds pour payer les matières apportées par le public, le directeur des monnaies donnait les billets à terme. L’exactitude avec laquelle on acquitta pendant deux années ces billets de monnaies leur attira d’abord la confiance, et le commerce s’accoutuma à les recevoir et à les donner comme espèces. Bientôt s’y joignirent, des billet de subsistance, des billets d'ustensiles, des billet des sous-fermiers des aides et des trésoriers. Ainsi s’établit l’usage de nouveaux signes d’échange, émis, sans contrôle, par les comptables ou les agents du gouvernement. Mais l’emploi abusif qu’on en fit ne tarda pas à déprécier ces moyens de crédit.

On avait aussi renouvelé la caisse des emprunts. Bien différente de celle dont Colbert avait tiré de si grands secours en payant cinq pour cent des fonds versés à titre de dépôt, on accorde premièrement à celle-ci l’intérêt exorbitant de huit pour cent, toujours avec la faculté de retirer les fonds à volonté, ce qui porta la négociation des autres affaires à un taux ruineux; puis, dans un moment d’embarras, un sursis de six mois fut mis au remboursement des capitaux déposés. Avant cette mesure, les premiers billets de monnaie avaient été échangés à l'échéance contre de semblables valeurs portant aussi intérêt ; enfin, on les donna en paie-