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tre signala son début par des mesures grandes et hardies, telles que les exigeaient les circonstances : ce fut de faire révoquer l’arrêt qui gênait les spéculations entre particuliers, et de reporter à l’année suivante le paiement des cinquante-cinq millions d’assignations qui engageaient le revenu courant. Cette infraction des engagements semblait devoir porter le dernier coup au crédit : elle lui rendit au contraire quelque vie par ses résultats. Les receveurs généraux, n’ayant plus le prétexte des assignations à payer, pour retenir les fonds, versèrent plus exactement au trésor. Le contrôleur général annonçait ensuite des réductions sur les monnaies, dont plus tard il éloignait l’époque. La crainte des pertes que cette opération entraîne tenait les esprit en mouvement et facilitait la rentrée des impôts. Bientôt on put satisfaire aux dépenses les plus pressées ; la confiance reparut ; les fournisseurs revinrent avec elle, dès qu’ils s’aperçurent que l’épargne n’était plus au dépourvu ; et quelques opérations avec les traitants obtinrent d’eux un secours de quarante millions.

Dans la vue de consolider le crédit renaissant en rendant quelque valeur aux effets dépréciés, M. Desmaretz fit autoriser la conversion en rentes des billets des receveurs et fermiers généraux, et des trésoriers de la guerre. Il tira encore de nouvelles ressources de taxes sur les marchands, sur les anoblis, et d’emprunts dont les uns étaient volontaires et les autres forcés. À ces moyens il ajouta, pour une année d’abord, le doublement de tous les droits de péages, passages, et autres semblables, que l’on percevait tant sur les routes que sur les rivières ; et ce doublement, qui achevait d’en-