Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 2.djvu/42

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cette denrée en combattant le faux saunage, et à la suppression du doublement des péages que l’on avait aussitôt remplacé par un droit sur les huiles. Cependant les campagnes et les villes étaient dépeuplées, une grande quantité de terres restait en friche, le défaut de bras, ou le manque de capitaux condamnait à l'inaction la plupart des manufactures ; enfin, la sédition se manifestait parmi les garnisons des places d’Alsace et de la Flandre[1].

Ces symptômes de dissolution réclamaient impérieusement tous les soins du gouvernement. Mais il était impossible de songer à une amélioration réelle de la condition des peuples avant d’avoir dégagé les revenus publics qui devaient servir à l’acquittement des dépenses de l’état. La guerre, et les habitudes d’une magnificence ruineuse conservée au milieu de la détresse publique, les avaient élevées à deux cent vingt-un millions par année, et les maintenaient encore à cent soixante-huit millions. Le ministre ; qui n’avait pas craint de se charger de l’administration des finances dans les conjonctures difficiles où elle lui avait été remise, indiqua au roi les moyens qu’il croyait les plus convenables pour affranchir les revenus, et pour acquitter successivement les dettes énormes qui avaient été contractées pendant la guerre. D’après ses vues, le dixième et la capitation auraient été supprimés pour maintenir la foi due à la parole royale ; le clergé, les pays d’états, les villes et toutes les provinces sans

  1. Nouveaux mémoires de Dangeau, publiés par Lemontey, 272. — Rapport de M. Desmaretz au roi, à la fin de 1714. — Particularités sur les ministres des finances, par M. de Monthion.