Page:Baju - L’Anarchie littéraire, 1892.djvu/17

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être, essayai-je de fixer quelques points de la doctrine, et par la réapparition de notre périodique transformé en revue, de rappeler sur la brèche ceux de mes anciens collaborateurs qu’effrayait le progrès du Symbolisme ; tout fut inutile. Le découragement était trop fort. Le Décadent disparut pour la seconde fois et les défections devinrent tellement nombreuses que les Symbolistes purent dire avec orgueil : « Il n’y a plus de Décadents. »

Naturellement ce sont ceux de nos amis que je croyais les plus sincères et les plus sûrs qui partirent les premiers : Maurice du Plessys et Ernest Raynaud. Je dois rendre cette justice à Verlaine, qu’il refusa de s’embrigader parmi les chevaliers du Symbole, poussant l’abnégation jusqu’à se séparer de ses caudataires pour demeurer seul avec son idée.


Maurice du Plessys


Maurice du Plessys fut autrefois surnommé le « Bidel du Verbe » pour sa dextérité à ordonner dans une phrase les mots les plus rebelles et à les assouplir au rythme. Il mérite une mention à part. Qu’on se rassure : je ne le blâmerai ni ne le louerai, je veux seulement constater ses « évolutions » multiples et la facilité avec laquelle il accommode ses théories aux différentes écoles littéraires où il passe successivement. On se souvient qu’il fut d’abord un décadent farouche, intransigeant, et comme qui dirait la colonne vertébrale du groupe. À cette époque on le voyait, flanqué d’un secrétaire — qu’il occupait sans doute à copier