Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/169

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leurs cous sous le joug de la loi divine, de s’assujettir volontairement aux conditions éternelles de l’ordre public. L’homme étant naturellement paresseux, il a bien fallu qu’une force majeure le poussât au travail. C’est ainsi que s’explique et se légitime l’institution de l’esclavage dans l’histoire ; non comme une institution éternelle, mais comme une mesure transitoire, ordonnée par Dieu même et rendue nécessaire par la barbarie et par la perversité naturelle des hommes, comme un moyen d’éducation historique.

En instituant la famille fondée sur la propriété[1] et soumise à l’autorité suprême de l’époux et du père, Dieu avait créé le germe de l’État. Le premier gouvernement fut nécessairement despotique et patriarcal. Mais à mesure que le nombre des familles libres augmentait dans une |257 nation, les liens naturels qui les avaient tout d’abord groupées comme une seule famille, sous la direction patriarcale d’un chef unique, se relâchèrent, et cette organisation primitive dut être remplacée par une organisation plus savante et plus compliquée de l’État. Ce fut, au commencement de l’histoire, partout l’œuvre de la théocratie. À mesure que les hommes, sortant de

  1. Les philosophes doctrinaires, aussi bien que les juristes et les économistes, supposent toujours que la propriété est antérieure à l’État, tandis qu’il est évident que l’idée juridique de la propriété, aussi bien que le droit de famille, la famille juridique, n’ont pu naître historiquement que dans l’État, dont nécessairement le premier acte fut de les constituer. (Note de Bakounine.)