Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/376

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tion d’un Dieu créateur implique la négation de l’ordonnance et de l’existence même de l’Univers. Mais pour prouver que je ne calomnie pas les positivistes, je vais citer les propres paroles de M. Littré. Voici ce qu’il dit dans sa Préface d’un disciple (Cours de Philosophie positive d’Auguste Comte, 2e édition, tome 1er) :

« Le monde est constitué par la matière et par les forces de la matière : la matière, dont l’origine et l’essence nous sont inaccessibles ; les forces, qui sont immanentes à la matière. Au-delà de ces deux termes, matière et force, la science positive ne connaît rien. » (Page IX.)

Voilà une déclaration bien franchement matérialiste, n’est-ce pas ? Eh bien, il s’y trouve quelques paroles qui semblent rouvrir la porte au plus fougueux spiritualisme, non scientifique, mais religieux.

Que signifient ces mots, par exemple : « l’origine et l’essence de la matière nous sont inaccessibles » ? Vous admettez donc la possibilité que ce que vous appelez la |208 matière ait pu avoir une origine, c’est-à-dire un commencement dans le temps, ou au moins dans l’idée, comme le disent mystiquement les panthéistes ; qu’elle ait pu avoir été produite par quelque chose ou quelqu’un qui n’était pas la matière ? Vous admettez la possibilité d’un Dieu ?

Pour les matérialistes, la matière, ou plutôt l’ensemble universel des choses passées, présentes et à