Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/390

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solaires nous doivent être entièrement étrangers[1]. Il faut donc séparer plus profondément qu’on n’a coutume de le faire le point de vue solaire et le point de vue universel, l’idée du monde (comprenant exclusivement le premier) et celle d’univers : le premier est le plus élevé auquel nous puissions réellement atteindre, et c’est aussi le seul qui nous intéresse véritablement. Ainsi, sans renoncer entièrement à l’espoir d’obtenir quelques connaissances sidérales, il faut considérer l’astronomie positive comme consistant essentiellement dans l’étude géométrique et mécanique du petit nombre de corps célestes qui composent le monde dont nous faisons partie[2]. »

Mais si la science positive, c’est-à-dire la science sérieuse et seule digne de ce nom, fondée sur l’observation des faits réels et non sur l’imagination de faits illusoires, doit renoncer à la connaissance réelle ou quelque peu satisfaisante de l’univers, au point de vue astronomique, à plus forte raison doit-elle y renoncer sous les rapports physiques, chimiques et organiques : « Notre art d’observer, dit plus loin Auguste Comte, se compose, en général, de trois procédés différents : 1o l’observation proprement dite, c’est-à dire l’examen direct du phéno-

  1. Toujours dans un sens relatif : plus étrangers, mais non totalement. Avouons que les uns comme les autres, s’ils existent seulement, nous sont à peu près également étrangers, puisque nous ne savons pas, et ne pourrons probablement jamais nous assurer avec quelque certitude, s’ils existent. (Note de Bakounine.)
  2. Cours de Philosophie positive, par Auguste Comte ; 2e éd., tome II, pages 10-12. (Note de Bakounine.)